Tennis de Rêve

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tous dopés?

"La potion magique", par Yannick Noah

LEMONDE | 19.11.11 | 11h15   •  Mis à jour le 19.11.11 | 11h17

 

Yannick Noah, le 18 octobre 2011 à Paris.

Yannick Noah, le 18 octobre 2011 à Paris.AFP/JOEL SAGET

Quand je traînais encore ma raquette sur les courts, on n'était pas ridicules, loin de là, face à nos amis espagnols. Pareil sur les terrains de foot, les parquets de basket ou les routes du Tour de France. Aujourd'hui, ils courent plus vite que nous, ils sont beaucoup plus costauds et ne nous laissent que des miettes. A côté d'eux, c'est simple, on a l'air de nains. Qu'est-ce qu'il s'est passé qu'on aurait raté ?

Une question me taraude : comment une nation peut-elle du jour au lendemain dominer le sport à ce point ? Auraient-ils découvert des techniques et des structures d'entraînement avant-gardistes que personne avant eux n'avait imaginées ? J'ai cherché et je n'ai trouvé aucune de ces innovations répertoriées ou documentées, même si je peux comprendre qu'on n'a pas forcément envie de se faire copier quand on a un secret à garder. Entre nous, j'ai beaucoup de mal à croire à cette hypothèse. Car, aujourd'hui, le sport c'est un peu comme Astérix aux Jeux olympiques : si tu n'as pas la potion magique, c'est difficile de gagner. Et là, on a l'impression que, comme Obélix, ils sont tombés dans la marmite. Les veinards.

Mais, ces dernières années, ils ont dû un peu forcer sur la potion vu l'hécatombe de contrôles positifs. Pas plus tard que la semaine dernière, j'ai lu qu'un joueur de l'équipe championne d'Europe de basket, en septembre, avait eu un problème avec un contrôle "anormal" à la testostérone. La fédération a rapidement déclaré que le joueur avait un taux normalement anormalement élevé. Le veinard.

Si c'était arrivé en France, je suis sûr que l'affaire aurait pris une tout autre tournure. Prenons l'exemple de Jeannie Longo. Elle a été portée aux nues pendant vingt ans. Au premier petit souci avec les règles antidopage, elle se fait assassiner. C'est la schizophrénie bien française. On veut des champions, on admire les champions des autres pays, et on est sans pitié dès qu'il y en a un qui se fait prendre. Souvenez-vous de Virenque- à-l'insu-de-son-plein- gré. On l'a sacrifié, on avait notre exemple, les autres courent toujours. Les veinards.

Mais vous savez ce qu'on raconte au café des sports (je connais bien, j'y passe souvent m'en jeter un p'tit) ? Que ceux qui gagnent sont ceux qui arrivent à passer au travers des mailles du filet, qui sont plus rapides que les contrôleurs et utilisent les produits pas encore détectables.

Bien sûr, c'est tout à notre honneur d'avoir mis en place un suivi longitudinal contraignant pour surveiller nos sportifs. Mais nous ne sommes pas traités à la même enseigne que la majorité de nos adversaires des autres pays.

En Espagne, l'affaire Fuentes, le plus gros scandale de dopage de l'histoire, a fait pschitt, comme dirait l'autre. La plupart des clients espagnols du bon docteur ont été épargnés. Peut-être parce que, là-bas, le sport occupe une place tellement importante que ses héros y sont plus protégés qu'ailleurs. Mais pourquoi déroule-t-on le tapis rouge à Contador pour qu'il revienne sur le Tour après s'être fait contrôler positif (à cause d'une mauvaise bidoche, il est vrai...) ? Arrêtons l'hypocrisie. Il faut bien sûr respecter la présomption d'innocence, mais plus personne n'est dupe. La meilleure attitude à adopter est d'accepter le dopage. Et tout le monde aura la potion magique.

Yannick Noah

 

et vous qu' en pensez vous?



06/03/2012
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