Tennis-US Open

Clément était «dans le trou»

Arnaud Clément a réussi une magnifique performance en sortant au premier tour la tête de série n°16, Marcos Baghdatis(EQ)

« Arnaud Clément, avez-vous le sentiment d'avoir réalisé une grande fin de match ?
C'est bizarre. Je me rends compte que j'ai bien joué à la fin. Mais je me dis que je peux gagner seulement lors du dernier jeu. Sinon je ne me dis jamais que je peux gagner. J'ai attaqué ce Grand Chelem dans les plus mauvaises dispositions, j'étais vraiment dans le trou. Toute la semaine, je n'avais aucune sensation, j'avais l'impression de tout faire mal, l'envie était partie. J'avais l'impression que mon tournoi était terminé au moment du tirage au sort. Face à Baghdatis, je me disais que je n'avais aucune chance, que mon tournoi était terminé et que j'allais faire le double. J'ai rarement été aussi bas en terme de confiance. C'est pour ça que ce sport est complètement fou.

Comment expliquez-vous ce revirement ?
Quand je rentre sur le terrain, je sais qu'il y a du monde devant la télé, je joue sur un grand court et je me dois d'essayer de tout donner. Aux 2e et 3e sets, c'était pathétique, mais je m'y attendais tellement que je suis resté calme. Ces deux sets résument mon niveau moyen depuis deux semaines. Même si je pense n'avoir aucune chance de gagner, cela ne m'empêche pas de me battre sur tous les points. Peut-être que j'étais plus relâché en abordant ce match dans ces conditions-là. A la fin, je vais beaucoup chercher les points et je fais la différence car mon bras passe et il n'y avait pas beaucoup de tension dans mon jeu.

Le tennis est dans la tête ?
Oui, mais je me reconnais tout de même une qualité. Quand on prend l'ensemble de ma saison, je m'entraîne plutôt pas mal et régulièrement. Si je n'étais pas en bonne condition physique, je n'avais aucune chance de gagner aujourd'hui. Quand mon tennis s'est mis en place, j'avais mon physique qui suivait derrière. Aux 2e et 3e sets, j'avais du mal à bouger, mais plus je rentrais dans le rythme des points, plus je me déplaçais bien. C'était une bonne sensation.

Avez-vous le sentiment d'avoir réalisé un hold-up ?
Sur le match, ce n'est pas un hold-up. A la fin, je vais chercher les points. C'est une victoire que je mérite. Mais pour moi comme pour vous, c'est une grosse surprise (sourires). C'est extrêmement positif, mais j'attends de voir la suite. J'espère que je vais garder un bon niveau.

Malgré la victoire, vous ne semblez pas très positif sur votre jeu ?
C'est dur parce que cela fait cinq semaines où c'est un enfer sur le court. Je m'amuse une fois sur trois. Je ne prends pas de plaisir. Je prends deux sets contre des 200e mondiaux. C'est dur. J'ai 32 ans et ce n'est vraiment pas une période facile. Il ne faut pas croire que je suis négatif. Je profite quand même. Mais je suis très surpris. Aujourd'hui, j'ai repris du plaisir à la fin à courir et à faire des coups gagnants. Je n'en ai pas fait beaucoup des coups gagnants pendant cinq semaines. J'espère que le cap va rester cette semaine et jusqu'à la fin de la saison.

Et la suite ?
Je ne sais pas. Maintenant, je ne vais pas m'enflammer. Il faut quand même relativiser. Cela reste un premier tour.»