Tennis de Rêve

Tennis de  Rêve

djoko en force à rome

"Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées, des montagnes, des bois, des nuages, des mers", et surtout des courts de tennis du monde entier, Novak Djokovic "se meut avec agilité", et comme un champion se pâme avec ses trophées, il sillonne la terre battue "avec une indicible et mâle volupté". Bon, pardonnez ce mauvais pastiche de Charles Baudelaire, mais voilà ce que peut inspirer Djokovic ce 15 mai 2011 : "l'élévation" d'un joueur dans les sphères célestes du tennis.

A Rome, le Serbe a réussi un nouvel exploit considérable : il est resté invaincu, ce qui porte à 37 victoires consécutives son total (39 si on compte ses victoires en Coupe Davis en 2010), il a battu Rafael Nadal pour la quatrième fois de suite en finale (après Indian Wells, Miami et Madrid, ce qui fait 7 titres cette année au total avec l'Open d'Australie, Dubaï et Belgrade). Et il décroche un deuxième trophée à Rome après 2008. Le tout après un match à quelques égards exceptionnels la veille contre Andy Murray.

Djokovic pétrifie Nadal

Pendant un premier set pétrifiant, Djokovic a dominé Nadal comme personne n'a su le faire sur terre battue à ce jour. Les statues antiques du Foro Italico pouvaient pâlir de jalousie devant la maîtrise et le contrôle du N.2 mondial. Nadal avait pourtant tenté de présenter un visage différent que celui de Madrid, où sa balle s'était perdue dans les nuages. L'altitude ne lui convenait pas tout à fait, la boue glorieuse de Rome non plus. Pendant deux sets, l'Espagnol s'est acharné à chercher les zones les plus dangereuses. Jouer long, chatouiller le coup droit de Djokovic dans la diagonale... Rien à faire. Le joueur qui propose le tennis le plus efficace sur la surface depuis six ans a subi la majorité des échanges.

Au premier set, c'est quand il a voulu marquer son territoire que le N.1 mondial a chuté : A 3-4, Djokovic a renversé le rapport de force d'un échange et s'est procuré ses premières balles de break. Il n'a pas loupé l'occasion. A 3-5, Djokovic a soufflé. Et Nadal est revenu à la charge. La moindre faille était exploitée. Première balle de débreak et débreak de l'Espagnol.

Nadal révolté et impuissant

Une fois ces échanges brutaux et énergiques dissipés, Djokovic a retrouvé ses esprits et son attitude impériale. Port de tête haut, poitrine gonflée, et des coups de spatules pour broyer l'ocre sur les lignes. A 5-4, les deux pieds sur la ligne des carrés de service, il a repris le service de Nadal et la première manche.

La seconde manche a été à peine moins intense. Nadal a forcé ses frappes pour bousculer un Djokovic moins fringuant, mais sans trouver de solution durable. Mené 0-2, on a même vu Nadal chuter sur les fesses en perdant ses appuis. Encore une fois, une image rare, sinon unique. Nadal n'a pas perdu de sa superbe, il a perdu face à plus fort que lui. C'est un sentiment étrange de constater cette impuissance. Malgré un nouveau débreak (Nadal est revenu à 2-2), Djokovic n'a jamais perdu la main sur le match.

Tout proche de la rupture la veille contre Andy Murray, il a élevé son niveau de jeu pour ne pas s'enfermer dans la cage d'un troisième set. "Elevation", c'est le titre du poème de Baudelaire que nous citions plus haut. C'est l'image du jour : Djokovic survolant Rome et Nadal pour plonger droit vers Paris et ses matches en trois sets gagnants en clair-obscur. Après ces triomphes qui privent Nadal de presque toutes ses couronnes (Djokovic n'a pas joué à Monte-Carlo ni à Barcelone), Roland-Garros devient la scène idéale pour un nouveau sacre. Nadal est N.1 mondial, mais pour combien de temps...



16/05/2011
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